Biographie

Bélaïd At Ali est hospitalisé

Une des lettres suivantes de Bélaid At Ali vient de l’Hôpital de Tlemcen, puis une autre de l’Hôpital civil d’Oran où il a été transféré avec une feuille d’hospitalisation qui porte un laconique tuberculose pulmonaire.

« Le régime est ici très bon, la nourriture si abondante que l’on retrouve du pain, (oui, du pain !), de la viande, dans la boîte à ordures ! Il y a pour moi de quoi rêver à certains moments où j’étais à la recherche du moindre croûton, de la moindre épluchure de légume pour apaiser ma fringale !… Il est bon d’avoir eu faim dans ma vie… »

Bélaid At Ali retrouve assez de santé pour se remettre à lire avec cette avidité et cette pénétration que nous lui connaissons. Il lit de tout mais l’histoire qui concerne la Kabylie le touche plus que n’importe quoi. Le Journal d’Alger publiait à cette époque une enquête intitulée : le géant Kabyle

« Il est dommage, écrit-il, que Monsieur B. ne compose son enquête que de rappels historiques qui ne m’apprennent rien de neuf… J’aime mieux des appréciations personnelles qui me font, selon les cas, ou bomber le torse ou me cacher la figure… Pour ma part, je ne crois pas qu’il y ait eu jamais un seul écrivain qui nous décrive et dépeigne objectivement… Seul, sans doute, un Kabyle pourrait le faire parce que seul il a accès à certains coins de l’âme de ses… cousins… »

« Quels sont les livres que je lis ? Ceux que je peux me procurer, rien de bien fameux : le peu de malades européens qui veulent bien me prêter de la lecture n’ont que de médiocres brochures populaires du genre Tarzan ou policier, ou encore L’histoire d’un âne et de deux jeunes filles, d’un auteur anglais, que je viens de terminer… Vous savez que j’en suis arrivé à aimer les lectures plus sérieuses, plus sages… les lectures d’analyse qui m’offrent le plaisir du démontage de l’appareil psychologique, le spectacle de son fonctionnement. J’en suis arrivé, je crois, à aimer autant de telles lectures qu’une tasse de café ou une cigarette… »

« … Je donnerais bien cher pour avoir ces huit gros volumes de Gsell,… comme j’aimerais bien aussi connaître les œuvres de Gauthier, Marçais, etc. qui me diraient quelque chose sur mes origines et me passionneraient. Oui, c’est assez drôle, c’est maintenant, à mon âge, que je trouve le meilleur agrément dans la lecture du moindre ouvrage d’Histoire, même élémentaire, alors que cela m’aurait été un martyre à l’âge d’écolier… »

à suivre…

Précédemment mis en ligne en juillet 2005

Merci de respecter notre travail.