Chronique

Ouali Azem était favorable à une Algérie française

Ouali AZEM est le frère aîné du chanteur Slimane Azem.

Ouali AZEM, frère de Slimane, est né en Kabylie le 3 mars 1913 à Agouni Gueghrane, il décède le 1er septembre 2002 à Montauban.Élu conseiller municipal en 1953, il est désigné comme maire de sa commune natale en 1957, puis comme membre de la Commission Administrative du département de la Grande Kabylie. Il intervient en faveur de son frère Slimane inquiété pour une de ses chansons « Criquet, sors de ma terre.. » et le fait revenir de métropole en Kabylie en 1958.

Ouali AZEM obtient son certificat d’études primaires mais doit faire face à des charges familiales très lourdes (il a quatre frères et deux sœurs). En 1936, il part en métropole et occupe un emploi d’électricien à Longwy. Il y est rejoint en 1937 par son frère Slimane AZEM, son cadet de cinq ans qui acquerra la notoriété en tant qu’auteur, compositeur et interprète de chants kabyles. Pendant l’occupation, tous deux sont requis par le STO (Service du Travail Obligatoire). Libéré par l’armée américaine, Ouali AZEM retourne en Kabylie.

Le 10 février 1958, en présence de Robert LACOSTE, ministre-résident de l’Algérie, il est porté à la présidence des maires de Kabylie. Au cours de cette cérémonie, il affirme son attachement à la France et son désir de rester français. Malgré les menaces de mort du FLN contre lui et sa famille, il entend œuvrer pour le rapprochement des communautés kabyle, arabe et européenne.

Après le 13 mai 1958, il devient vice-président du Comité de Salut Public de l’Algérie et du Sahara dont les deux co-présidents sont le docteur Sid CARA et le général MASSU.

Aux élections législatives qui envoient 67 députés d’Algérie à l’Assemblée Nationale (46 musulmans et 21 Européens), il est élu député de la circonscription de Tizi Ouzou, sur une liste intitulée « Pour le renouveau d’une grande France », en compagnie de MM Henri COLONNA, Ali SAADI, Ahcène OUALALEN et Sadok KHORSI. Il appartient tout d’abord au groupe parlementaire provisoire « Formation Administrative des Elus d’Algérie et du Sahara ». Il rejoint ensuite le groupe parlementaire « Unité de la République » qui regroupe les députés d’Algérie et de métropole essentiellement attachés au maintien de l’Algérie dans la République. Le 9 novembre 1961, il vote « l’amendement Salan » et le 11 mai 1962, il intervient à la tribune pour stigmatiser les mesures prises par le gouvernement pour empêcher, avant l’indépendance, le départ d’Algérie des Musulmans dont la vie est en danger du fait du FLN. Entre temps, Ouali AZEM est la cheville ouvrière de la réalisation d’un « Livre blanc » sur la fusillade meurtrière du 26 mars 1962 qui vit 82 manifestants tués rue d’Isly à Alger par un régiment de l’armée française.

Après l’indépendance de l’Algérie, le 4 juillet 1962, son mandat de député est supprimé comme celui de ses collègues d’Algérie. Ayant quitté sa Kabylie natale qu’il ne reverra plus, il s’installe dans le Quercy où il se fait agriculteur pour nourrir sa nombreuse famille. Il y fonde un Comité de Défense des Agriculteurs Rapatriés.

Allocution de Ouali AZEM du 19 mai 1958

« Je suis venu ici, dit-il, pour vous apporter à tous le salut fraternel de toute la Grande Kabylie. C’est avec joie et émotion que nous voyons enfin, dans un sursaut irrésistible, la volonté farouche de notre peuple et de l’Armée de conserver l’Algérie française.

Le comité directeur de Salut Public d’Alger, créé par des hommes lucides et courageux, dissipe maintenant tout spectre de terreur et d’abandon. Des quatre coins d’Algérie résonne l’écho rassuré de ceux qui, il y a encore quelques jours hésitaient. Nous proclamons notre reconnaissance à l’Armée Française, sous les ordres de son prestigieux général Salan, qui s’est opposé en bouclier aux faiblesses des partis et aux chantages internationaux.

La présence de M. Jacques Soustelle, de M.  le docteur Sid Cara, combattants inlassables de l’Algérie française, rehausse notre union. J’ai déjà dit que la France éternelle a toujours eu des hommes qui ont fait sa grandeur ; et, aujourd’hui, au moment le plus critique de notre histoire, nous retrouvons ces mêmes hommes animés de l’esprit de 1918, pour renouveler une date, celle du 13 mai 1958. Le doute de l’humilité, d’abandon et d’incertitude, n’a que trop duré. La faiblesse de notre régime nous fait glisser continuellement sur la pente de l’abîme. Européens et Musulmans d’Algérie l’ont senti et, unis dans un élan de parfaite communion d’idées, ont renversé la muraille de la peur. Ardemment attachés à la République et à la Démocratie, ils sont résolus à combattre ensemble sur tous les fronts comme ils l’ont fait par le passé pour la gloire et la grandeur de notre France bien-aimée.

Oui, mes chers Frères. C’est de cette province qu’est parti l’assaut libérateur de 1944 sur les deux fronts d’Italie et de Normandie. Les manifestations successives de nos sœurs Musulmanes pour lesquelles nous avons tant d’égards, depuis le 13 mai, démontrent amplement notre volonté d’intégration totale.

Existe-t-il d’autres moyens d’expression humaine, pour prouver au monde entier notre révolution dans la paix et la concorde. De tels faits sont la preuve irréfutable de notre maturité politique et de notre ardent patriotisme. Nul ne peut plus contester que l’Algérie est province française, où tous les citoyens et les citoyennes sont libres et égaux.

Nous affirmons solennellement notre foi, dans l’avenir de nos destinées françaises. Nous adjurons notre Président de la République, le brave peuple métropolitain tout entier de répondre à notre pressant appel, pour former sans plus tarder un Gouvernement de Salut Public présidé par l’illustre général de Gaulle, symbole d’union et de patriotisme.

Je termine, mes chers Amis, en criant du plus profond de mon cœur :

Vive la France, Vive l’Algérie Française, Vive le Général de Gaulle. »

Slimane Azem chante pour la SAS à Agouni Gueghrane son village natal.

Slimane AZEM que vous pouvez voir au fond jouant du banjo. Cette photo a été publiée dans Historia Magazine, La guerre d’Algérie, n° 214 p. 651 avec cette légende : « Un café maure en Kabylie. Des harkis, portant le béret des alpins, et des civils. »

D’après le témoignage de Ouali AZEM son frère Slimane aurait composé l’hymne de la harka sur l’ordre du colonel GOUSSAULT, responsable du service psychologique de l’armée. Cet hymne a été diffusé, dès 1957, par La voix du Bled, émission radiophonique réalisée par l’armée française.

Paroles de l’hymne de la harka

Nous les harkis d’Algérie
C’est la paix que nous voulons réinstaller
Fini la peur, fini la torture,
Nous projetterons seulement le bien
Nous refusons de nous soumettre au diktat
Personne ne sera plus égorgé.

Aujourd’hui ce n’est plus comme avant
A présent nous savons ce qu’il en est !
Inutile de nous conseiller
Nous avons compris où est l’avenir
Jamais nous ne nous séparerons de la France
C’est de là que vient la solution.

Acculés à vivre dans les grottes
Ils discutent comme des rats
Entre eux et nous il en sera ainsi
Jusqu’à ce que nous les ayons exterminés.

Nombre d’entre eux sont emportés par les ruisseaux
Dévorés par les vautours et les chacals
Nous avons fait serment de venger
Les enfants orphelins.

Inauguration d’une place Slimane AZEM à Paris. Cet événement aura lieu le 11 Octobre 2014 à 16h30 dans le 14e arrondissement de Paris, près de la place de Catalogne, au pied de l’église Notre Dame du Travail, sur la rue Vercingétorix.

Photos et discours tirés de La Révolution d’Alger d’Henri PAJAUD et La révolution du 13 mai d’Alain de SÉRIGNY.

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